CR de conférence de recherche en ESS

4 avril 2016

3 points à retenir :

1-Les coopératives présentent de réels avantages pour le développement d’un travail décent à travers le monde

2-être à l’écoute et ouvert aux changements sociétaux en cours est primordial afin de s’adapter aux transitions (ex. numérisation de l’économie, fluidification des parcours professionnels, aplatissement des hiérarchies, etc.)

3-Les coopératives doivent être vigilantes à ne pas nourrir un entre-soi néfaste ou encore à calquer leur développement sur les entreprises à but lucratif

Si les forces des coopératives en faveur d’un travail décent, de la légalisation du travail dissimulé ou encore de l’émancipation des femmes ont été soulignées, de nombreux défis restent à relever.

Les phénomènes d’autocongratulation et d’entre-soi sont encore trop souvent de mise dans le monde coopératif. Dans un monde en transition – économique, sociale, politique, environnementale – les coopératives ont des réponses à apporter, à condition d’être à l’écoute de ces transitions et ouvertes à de nouveaux partenariats au-delà des frontières coopératives. Jürgen Schewettmann, ancien directeur des partenariats au Bureau International du Travail a ainsi ouvert la conférence en soulignant l’intérêt de l’intercoopération afin de constituer des chaines de valeur globales (mondiales) éthiques.

De nouvelles sources d’emplois peuvent émerger en s’appuyant et en répondant à ces multiples changements. Internet et le développement de l’économie collaborative, par exemple, peuvent représenter des opportunités dont les coopératives doivent pouvoir se saisir au risque sinon de laisser la place toute entière aux entreprises à but lucratif.

De nombreuses initiatives de par le monde ont pu être présentées lors de cette conférence soulignant tant les spécificités des demandes locales que la proximité des enjeux : aspiration à l’autonomie, menace de la précarité, conditions de travail parfois inhumaines, etc.

Le pays hôte, la Turquie, a eu l’occasion de présenter l’état de son mouvement coopératif où la moitié des coopératives sont des coopératives d’habitat et où il existe également des initiatives innovantes comme la constitution de coopératives de femmes ou encore l’organisation d’assemblée générale à distance via des plateformes web. Dans un pays vieillissant les Japonais s’appuient sur le modèle coopératif afin de proposer des services à domicile. En Malaisie, la coopération s’apprend dès le plus jeune âge où enseignants, étudiants et employés des lycées ont l’obligation légale de constituer des coopératives. Ce sont autant de réponses aux besoins sociaux venant de l’autre bout du monde mais qui entre en résonance avec nos propres préoccupations ici en France et en Europe.

Enfin, le développement de contextes habilitants apparait comme primordial : adaptation des statuts juridiques, fiscalité, reconnaissance et soutien à la création. Si, par exemple, le Canada a su développer de nombreux outils en faveur de l’entrepreneuriat coopératif, les coopératives cubaines pâtissent encore d’un manque d’autonomie par rapport à l’Etat.

Cette conférence reflétait combien recherche et action dans le monde coopératif se nourrissent mutuellement et la jeunesse de certains participants laissait présager d’un bel avenir pour cette dynamique !

Mélissa Boudes, chercheuse et enseignante/étudiante

Et vous ?

Des questions fondamentales ont été soulevées lors de cette conférence, des questions que chaque coopérateur devrait se poser : Les coopératives représentent-elles un palliatif dans un monde capitaliste essoufflé ou une proposition alternative ? S’agit-il pour les coopératives de créer des emplois ou de repenser le travail ?

Qu’en pensez-vous ?