CR de conférence sur l'ESS

Comment articuler politique locale de l'ESS et politique de la ville ?

Conférence du RTES du 15 décembre 2015


7 avril 2016

Partant de l'idée que l’économie sociale et solidaire (ESS) ne relève pas que du registre de l’expérimental mais qu’elle a bel et bien déjà fait ses preuves avec de nombreuses réussites, l’enjeu de ce temps d’échanges était de voir comment peuvent s’articuler Politique de la ville et ESS à partir d’expériences identifiées.

 

A côté des 4 ateliers (transversalité, informel/formel, structuration en filières, diagnostic et cartographie de l’ESS), un zoom était fait sur la question du foncier et de l’immobilier, facteur essentiel du changement d’échelle. On retient ici trois points ; les leviers identifiés, les enjeux en termes foncier et les problématiques liées à l’institutionnalisation.



3 points à retenir :

1- Le RTES identifie 6 leviers essentiels au développement de l’ESS dans les politiques de la ville.

2- Promouvoir la diversité des acteurs dans un quartier permet de résoudre des problématiques souvent liées à la spécialisation des territoires.

3- Changer d’échelle, obtenir des financements remet parfois en question l’existence et le projet d’initiatives citoyennes et militantes pourtant actrices sur leur territoire d’insertion, de solutions et de pratiques participatives.

 

L’analyse d’une trentaine d’expériences sur le territoire national a permis au Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire (RTES) d’identifier freins et leviers à l’implication des acteurs de l’ESS dans la Politique de la ville. Dans un rapport devant être diffusé en juin 2016 avec le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires (CGET), le RTES retient 6 leviers sur lesquels agir :

 

- Mobiliser autour de la question du foncier et de l’immobilier ;

- Aider à la création d'entreprises en lien avec les valeurs et les modèles de l’ESS, par la promotion de l’entreprendre autrement, de la culture de l’entreprendre collectif ;

- Structurer des filières à partir des acteurs déjà présents ;.

- Faciliter la transversalité des politiques publiques ;

- Réaliser un diagnostic préalable de l'ESS sur les quartiers ;

- S'appuyer sur la dimension citoyenne et participative.

 

 

Une table ronde dédiée à l’immobilier a permis d’aborder le foncier à trois niveaux. C’est d’abord un enjeu pour les structures qui se développent, notamment les associations qui ont du mal à trouver des locaux adaptées à leurs besoins. En ayant surtout accès au marché privé, elles se retrouvent dans un rapport de force souvent défavorable (manque de confiance, problématique de financement…), nécessitant de mutualiser, de sous-louer. Mohamed Gnabaly a illustré ce parcours du combattant en partageant l’histoire de son projet (Noevadia, la ferme des possibles) et les opportunités rencontrées lorsqu’une mutualisation, non pas de raison mais de cœur, s’est présentée.

 

C’est ensuite une entrée dont se saisissent certains bailleurs sociaux (avec l’Union Sociale pour l’Habitat) pour faire vivre les pieds d’immeuble dans les quartiers. A l’enjeu d’animation de ces rez-de-chaussée, dédiés à de l’activité, s’ajoute celui de pouvoir répondre aux besoins de structures de l’ESS ou de TPE. Cela un réel impact sur la qualité de vie. Cela suppose une vision stratégique d’ensemble : recenser les locaux, les besoins, et surtout des besoins endogènes du quartier.

 

Enfin, au travers de la question du foncier a émergé une conclusion partagée par tous les participants. La mixité des acteurs et des activités est une richesse pour les quartiers. Il faut éviter la spécialisation des territoires et promouvoir à la place de la coopération multi secteur. Créer de la diversité, mélanger TPE, petits commerçants, acteurs de l’ESS développe l’attractivité, les possibilités de coopération et le développement social et économique.

 

 

Comment des initiatives citoyennes, militantes, qui agissent localement vivent-elles leur « institutionnalisation » ? Comment à partir de dynamiques de coopérations créatives entre acteurs locaux émergent de nouvelles formes d’action institutionnalisée ? Il s’agissait ici de se demander comment les initiatives hors des cadres structurés par les financements, les règlementations…, c’est-à-dire informelles, peuvent devenir des projets encadrés et reconnus par les pouvoirs publics.

 

Ces questions se sont posées lors de l’atelier sur le passage de l’informel au formel, autour du témoignage de PAR ENchantement. L’association développe des projets autour des besoins (petite enfance et insertion des femmes) et de la créativité des habitants du quartier Koenigshoffen à Strasbourg. Si le projet gravite autour d’ une micro-crèche d’insertion (10 places uniquement d’urgence, 75 familles suivies, 30 enfants accueillis par mois), il s’agit avant tout de soutenir les projets des habitants, de leur permettre de s’impliquer dans le quartier, de travailler sur les freins à l’insertion professionnelle, de soutenir la parentalité, de se rencontrer autour des loisirs et événements, de permettre l’ouverture d’autres milieux, environnements, cultures, et de favoriser la solidarité à tous les niveaux.

 

Bien soutenu par certains partenaires, le projet de l’association a cependant été parfois mal compris. Avec un projet associatif qui ne rentre pas forcément dans les règlements, il peut être difficile d’être financé. Qui dit financement classique, dit fonctionnement classique. Ce que montre ce projet, c’est bien que les populations savent évaluer leurs besoins et y apporter des réponses mais cela peut parfois se heurter aux schémas de structuration des collectivités, des partenaires.

 

 

Karine Tourné Languin, Sociologue

 

 

Et vous ?

D’autres leviers vous paraissent-ils importants ?

 

Comment agir sur la question du foncier et du local pour les structures de l’ESS, notamment les associations ?

 

Comment les collectivités peuvent-elle participer et soutenir les initiatives alternatives ? Comment l'administration peut-elle s'adapter pour répondre aux propositions des citoyens ?

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Pour aller plus loin :

Les actes de la journée

Novaédia et la ferme des possibles (Mohamed Gnabaly), à lire et à écouter

PAR ENchantement

Le réseau Habitat social pour la ville

 

Rubrique : actualité ESS

Catégorie : conférence

Mots-clés : politique de la ville, association, TPE, foncier, informel, projets citoyens, initiatives locales


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