CR de conférence de recherche en ESS

Entrepreneuriat et créativité dans l’ESS : faut-il choisir ? Retour sur les rencontres du RIUESS 2015


24 septembre 2015

La Chaire ESS de Reims accueillait en mai dernier les XVèmes rencontres du RIUESS, le Réseau Inter-Universitaire de l’économie sociale et solidaire (ESS).

 

Au-delà des universités francophones membres du réseau, étudiants, professionnels de l’ESS et chercheurs ont pris part aux échanges autour de la question : « La créativité de l’ESS est-elle soluble dans l’entrepreneuriat ? ».

 

Il y était question, entre autres, d’entrepreneuriat (social, collectif), d’innovation et d’impact social. Nous vous proposons un petit retour sur quelques points marquants que nous avons sélectionnés.


3 points à retenir :

1- ESS : une identité ballotée ? Une définition politique ? Economique ? Juridique ? Sociale ?

2-Paradoxe entre pression à l'évaluation socio-économique et pression à l'innovation sociale, la première poussant les organisations à se référer à des cadres connus, la seconde les poussant à explorer l'inconnu.

3-Les chercheurs s'avèrent des alliés précieux des managers de l'ESS, pour démontrer la difficulté à préjuger d'indicateurs d'évaluation de l'impact sociétal à long terme.

 

« La créativité de l’ESS est-elle soluble dans l’entrepreneuriat ? » : derrière l’intitulé des dernières rencontres du RIUESS planait la loi sur l’ESS votée quelques mois auparavant. Cette loi tant débattue élargit le périmètre de l’ESS aux entreprises commerciales, sous certaines conditions de gestion et de gouvernance et définit le concept d’innovation sociale. Dans un tel contexte, les acteurs historiques de l’ESS s’inquiètent de voir la créativité dont ils font preuve depuis tant d’années remisée au placard des vieilleries. Cependant à y regarder de plus près, les débats qui ont eu lieu sur les trois jours ont démontré la grande vivacité de l’ESS qui, grâce à ses frontières poreuses, sait notamment s’enrichir des connaissances tacites des acteurs et des connaissances académiques. Mais une fois de plus, l’ESS se pose la question de son identité et plus que jamais les synergies sont recherchées, aussi bien sur le plan économique que politique. La place de la gestion, l’évaluation de ce qu’il est à présent courant d’appeler l’impact social pose question.

 

Parmi les 230 participants qui se sont réunis autour de 17 ateliers et 4 tables rondes, l’élargissement du nombre de disciplines concernées par l’ESS a été relevé : économie, sociologie, droit, management, etc ... Ce constat récent appelle à des travaux de recherche non seulement interdisciplinaires, mais aussi participatifs, à l’image des travaux de recherche-action présentés lors de ces rencontres. Tels que le projet régional innovation sociale et groupements d’employeurs, unissant deux groupements d’employeurs, l’université et l’école de commerce de Reims ou le projet autour de l’up-cycling de la Chaire ESS de Marne la Vallée. Il faut également souligner la volonté des différentes Chaires ESS, présentes sur l’ensemble du territoire français, de se rassembler pour créer des synergies en matière de recherche et d’enseignement.

 

Lors de la table ronde « De l’investissement à l’impact social », les intervenants ont soulevé la difficulté d’évaluer l’impact stratégique et sociétal à long terme. De ce fait, le rôle des chercheurs est de montrer qu’on ne peut pas toujours juger à l’avance du choix des indicateurs. On ne peut donc que conseiller aux managers de l’ESS de s’allier à des chercheurs, dans un objectif de sauvegarder leur modèle « du temps long », qui porte des effets sociétaux de long terme.

 

Pour Patricia Andriot, vice-présidente de la Région Champagne-Ardenne en charge de l’ESS et du RTES (réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire), « la question qui anime la recherche en ESS » est de savoir si « ce contexte de mutations diverses est une chance ou une menace pour l’ESS ?".

 

Mélissa Boudes, Assistante de recherche et d’enseignement à la Chaire ESS URCA-NEOMA BS et Christèle Lafaye, CLEERESS

 

Et vous ?

La créativité de l’ESS et de l’entrepreneuriat en ESS vous semble-t-elle menacée par un trop-plein de réglementation, de normes, d’évaluation à tout prix ? Qu’en pensez-vous ?

 

Que pensez-vous notamment de cette nouvelle définition légale de l’innovation sociale ?

 

Pour certains, elle est utile pour flécher des financements ; pour d’autres, elle n’est ni réduite, ni réservée aux entreprises de l’ESS ; enfin pour une grande partie des acteurs, la loi peut en scléroser la définition. Par essence, est innovant ce qui n’est pas dans les cadres, ce qui n’est pas prévu, ce qui n’existe pas encore. Non ?

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